
L'art de soi pour le monde, en chemin vers demain.
« Sous la peau craquelée, un cœur blessé bat encore. Ici, je fais éclore la cicatrice jusqu’à ce qu’elle devienne force : je déploie un espace où l’art trace le chemin, où la mémoire s’explore jusqu’à la délivrance, et où l’espérance jaillit des fissures du silence. »
Artiste – Sensitive et mnesique :
« Dans le silence du trait, dans l’éclat brutal des couleurs, dans l’abîme des contrastes, je sculpte l’invisible ; chaque œuvre résonne comme une mémoire qui refuse de se taire. »
1. le besoin de réponse
quand l’intérieur gronde de quelque chose qui nous est inconnu.
Pour ma part, c’était l’aptitude et l’autorisation de mettre en mots dès mon préverbal. Peut-être happée par la compétence de la contemplation et la tyrannie maternelle.
Mais le monde, dans sa structure et sa totalité duale, était à mes yeux extraordinaire.
Ayant eu la chance d’avoir pour « nounou » les murs de la bibliothèque de mon village avant les années 1990, j’ai dévoré les rayonnages BD et artistiques : des images à n’en plus finir ; les lettres, pour moi, étaient des sauvageonnes qui dansent frénétiquement, comme des fées autour des feux qui servent à réchauffer.
J’avais la nécessité de trouver une porte d’entrée pour capter le monde selon mes capacités, et c’est l’art du monde, venu de tous les temps passés, qui m’a éduquée à communiquer
2. la découverte du comme moi en dedans
Combien d’entre nous ont la chance de grandir aux portes de la maison de Da Vinci ? J’ai reconnu mon propre reflet dans son triptyque créatif, ses facettes résonnant dans les miennes.
J’ai suivi ses références, reconnu mon rythme dans la spirale de Fibonacci, ma brûlure intérieure dans la vibration d’une arche gothique. En me penchant sur les planches de Giotto comme sur les sujets de Michel-Ange, j’ai senti mon regard faire écho à ces génies : je n’étais plus simple spectatrice, mais un maillon vivant d’un grand orchestre visuel.
Mais c’était sans être complet : il manquait une note de ma vérité. Il m’aura fallu dix-sept ans d’instruction et de curiosité pour découvrir mon propre Siècle des Lumières, cette lumière visible seulement au cœur des ténèbres des questions existentielles.
Frank von Stuck, Arnold Böcklin, Carlos Schwabe, Hugo Simberg… C’était là : j’ai su que leurs œuvres étaient le miroir où je me reconnaissais, mais qu’il manquait encore une épaisseur à ma palette de couleurs — celle que j’ai trouvée chez Dante Gabriel Rossetti, John Everett Millais, William Holman Hunt.
Oui, j’étais l’évolution des courants artistiques, issue du feu romantico-gothique des symbolistes allemands et des préraphaélites anglais.
Ce qui grondait en moi, c’était l’éternité du passé.
3. l’acceptation d’être une continuité
Combien d’entre nous ont tremblé devant l’héritage d’un courant banni ?
Les préraphaélites, raillés pour leur mysticisme et catalogués comme ésotériques décadents, et les symbolistes, décriés pour leur rappel à l’âme et accusés d’ésotérisme profanateur, ont tracé des chemins où j’ai reconnu ma propre révolte. Mes tourments vibraient dans mes visages et mes paysages hantés, jusqu’à l’éclat tragique de mes couleurs.
En découvrant ces artistes, je n’étais plus une simple voix perdue et interdite ; je devenais un univers retrouvé dans leur écho.
Savoir que je n’inventais rien m’a offert un refuge : je pouvais m’abriter derrière ces références solides pour me donner le droit de poser mon anarchie. Je pouvais ainsi questionner l’existence humaine dans sa seule lumière et ses ombres, entre son état d’ange et de démon, son visible et son invisible.
Ma démarche artistique n’est ni une copie ni une rupture, mais le prolongement vivant de ce feu romantico-gothique : une continuité fière d’assumer l’éternité d’un passé artistique qui ose questionner pour l’équité d’une vie vécue, et non pour choquer et provoquer les assemblées du vide ou du surfait.
Autrice – Voix coupante
« Mes mots percent le voile du silence. Ils portent leur propre feu et deviennent la preuve indélébile de vies volées dès l’enfance ; quête obstinée de la reconquête, flamme de l’étoile du destin. »
1. Le besoin de réponse
ma foi et mes origines placent la genèse de ma langue sous le signe de la « Parole de D’ieu », référence vivante à l’acte créateur originel.
C’est en elle que j’ai cherché la quadrature de mes phrasés, me conduisant au rejet des mots creux, ces jargons de banalité qui ne trouvent pas de prise sur la chair de l’âme.
J’ai forgé ma langue-matière, rugueuse et poreuse, à l’image de la créature du Créateur que je suis : des mots qui pèsent, qui saignent et qui bâtissent un monde — à l’image du Divin où la parole devient chair.
Mais on m’a tant demandé de me taire, que je me suis tue et j’ai rédigé, toute l'absence de mon existense, en secret. Donnant sans le savoir, a mon prénom toute sa grandeur d’être le secret El.
2. La découverte du « comme moi en dedans »
La maîtrise de la lecture fut pour moi un combat déchirant et humiliant. Cette lutte contre la frustration m’a conduite à la victoire avec le temps.
À dix ans, j’ai enfin pu dévorer tous les livres qui se présentaient : L’Enfant du placard, Le Sagouin, Vipère au poing, Les Confessions brûlantes de Virginia Woolf et l’acidité des récits de Marguerite Duras et Delphine Dumaurier...
J’y ai entendu vibrer ma propre douleur et solitude. Leurs mots se sont mêlés aux miens, révélant que ma voix existait déjà dans une veine au sang vif, porteuse d’une même soif de vérité.
Mais mon mordant, mon refus obstiné de me laisser réduire à une victime, ne résonnait pas dans leur rythme littéraire.
Il pleut sur mon coeur, comme il pleut sur la ville...En feuilletant Verlaine, Baudelaire et Raimbeau, j’ai senti mon propre feu.
Dans les vers de Laforgue, j’ai reconnu mes fractures intérieures.
Tailhade et Krysinska m’ont donné la voix des femmes insurgées, Rachilde m’a appris que la transgression est une langue, et Keats m’a offert la clé de la capacité négative — cette force de tenir le vide avant de l’habiter.
Leurs mots ont fait écho à mes maux, inscrits dans mes cahiers secrets : j’ai compris que je n’étais pas seule à porter ces brûlures. Ainsi est née ma certitude : ma voix s’inscrit dans une lignée qui peut en témoigner. Il est des être qui naissent l'âme en dehors.
3. L’acceptation d’être une continuité
Il était stupéfiant de constater que, de mes mots à mes dessins, j’avais pris place dans un orchestre clandestin renaissant du passé.
Tout mon être intérieur semblait étiqueté « fin du XIXᵉ siècle » : mon âme portait l’énergie même d’une époque révolue, comme si elle en poursuivait le dernier vers.
Comprendre que je n’inventais rien m’a libérée : j’ajoutais simplement ma voix à la vaste chronique humaine.
De la naissance du roman gothique à la force vive de l’autofiction contemporaine, au envolées poétique romantique, ma parole s’inscrit avec fierté dans cette trame rédigé.
Entre rébellion verbale et quête d’absolu. Poétique et viscérale, mon écriture, ancrée hors de toute économie terrestre de la Parole sacrée, offre au lecteur la découverte d’une langue où chaque mot prolonge le brasier originel.
J’écris tel que je pense, avec l’intensité et l’amour qui me définissent. Il m’était indécent de me taire plus longtemps, j’hurle avec ma plume affûté, aux esprits incarné ; puisque de leurs oreilles, ils font semblant d’écouter tout ce qui se psalmodie depuis les siècles passés.
Thérapeute – Espaces de ralliement
« Ici, on ne panse pas les plaies : nous les désinfectons. Art, Mémoire et Espoir s’unissent pour redonner voix à ceux dont la vérité reste crue ou tue ; donnant support a tout ce qui doit ce dire pour en finir avec les blessures narcissique. »
1. le besoin de réponse
quand la vérité qu’on m’avait arrachée s’effritait sous mes doigts à chaque reliance, qui m’éloignait de mon entièreté, j’ai ressenti l’urgence de bâtir un refuge — un lieu où la blessure trouve un écho digne de son acuité.
Tous les discours se chevauchaient et dénigraient la compréhension précédente, me poussant à chercher encore et à m’évertuer à donner sens.
Je ne voulais ni pansements nostalgiques, ni promesses vaines sur mes déchirures intérieures : seuls comptaient la chair de ma mémoire et la force d’un cadre réel pour la contenir, sans avoir à revivre ni à effacer le passé. Car ce que je chérissais par-dessus tout était l’amour qui avait existé ; cela m’appartenait.
Je refusais que ma liberté soit aseptisée par des courants de pensée ou des écoles académiques.
Mes recherches m’ont obligée à me prendre pour sujet : qui d’autre que moi aurait l’honnêteté de partager ces facettes dispersées par les fractures psychiques du passé ?
Je me suis décortiquée, observée et étudiée, pour faire émerger chaque fragment de moi.
2. la découverte du comme moi en dedans
La quête de compréhension, la réponse à la question d’enfant : « Pourquoi ? » Le bien, le mal, la douleur, la rancœur, la violence, la perversion, la démence, le sadisme… qu’est-ce qui anime ces forces en nous ?
Face à des humains portant en leur sein ces actions et me projetant ces appellations, j’ai étudié tous les maîtres détenant la paternité du savoir clinique de la psyché. Je désirais plus que tout abattre le monstre que je croyais loger en moi…
Quel bouleversement quand, grâce à eux, j’ai découvert qui j’étais vraiment ! Analyste chirurgicale à la Freud, d’écoute parallèle à la Lacan, d’âme plurielle à la Jung…
Oui, mais tout cela ne suffisait pas. J’avais maintenu ma joie tout au long de l’enfance grâce à mon entêtement dans la foi, le sport, la nourriture, l’humour et le rire : autant de forces de vie qui soutenaient mon élan.
Puis l’âge adulte et la nature dévoyée des êtres m’ont fait perdre le fil de mon tissage d’âme. Car l’âme, en soi, est un mystère irréductible à toute preuve scientifique ; peut-être ces deux cents grammes que nous perdons au dernier souffle en sont-ils le poids ? Je devais raviver ma joie, malgré les épreuves. je suis repartie étudier, du savoir clinique je suis allez à l'holistique.
En accompagnant mes premiers patients, j’ai reconnu mes propres questions dans leurs silences : les enfants à qui l’on refusait la parole, les rescapés aux regards vacants, les créatifs brisés par l’exigence du monde. Leurs histoires résonnaient avec mes épreuves — dissociation, peur, doute, dévalorisation, colère, quête d’un sacré intuitif. J’ai compris que nous n’avions pas tous la même abnégation ; que la pulsion de colère devait trouver a être canalisé, décortiqué, devenir moteur pour sublimé les passés.
Mon travail m’a parfois désespérée. Je suis retournée étudier les fondements de ma foi et le mystère qui l’entoure… puis j’ai créé, pour me retrouver, m’appartenir et m’autoriser. J’ai pu ainsi m’effondrer d’une vie d’obligée, reprendre mes cahiers pour expérimenter. C’est ainsi que ma méthode de thérapie par chromatisme, après quatre ans de travail de fond, est née.
3. l’acceptation d’être une continuité
C’est ainsi qu’est né mon cabinet A.M.E. — Art, Mémoire et Espoir : un espace pensé pour accueillir la chute de l’âme sans la masquer ni emprisonner la mienne, et pour porter ceux que le monde jette hors de leur peau.
Car les âmes exilées ne sont que des « espaces de Soi » privés du droit de s’installer chez elles.
J’avais besoin d’une méthode sérieuse et innovante — un sanctuaire psychique qui n’entraîne ni réminiscences mnésiques, ni tsunamis réactifs d’un conscient sur intellectualisé.
Ma méthode n’est pas une invention isolée, mais un patchwork des grands champs de la santé mentale : la mise en matière des savoirs pour offrir un support concret aux bénéficiaires.
Elle s’inscrit dans une synergie de praticiens incarnés, mêlant psychothérapie dynamique et humaniste aux ateliers d’art et thérapie de mon cabinet — un mariage de rigueur clinique et de geste créatif, à l’image de ma propre reconstruction.
Cette posture professionnelle s’ouvre à tous, sans compétence préalable requise, avec pour seule limite ma liberté de choisir mes consultants, guidée par leur faculté ultime de l’humilité.
« Qu’est-ce que cette mémoire visuelle réveille en vous ? »
« Quel mot, quelle phrase vous a marqué ? »
« Quelle blessure ou quel espoir voulez-vous déposer ici ? »